Crucifix


crucifix

(kru-si-fi ; l'x se lie : un kru-si-fi-z en ivoire) s. m.
  • Représentation de Jésus-Christ attaché à la croix. Un crucifix de bois. Baiser le crucifix. Des pieds d'un crucifix devant lequel il avait accoutumé de faire sa prière, il écrit à Érasme des choses si tendres sur les douleurs ineffables de Jésus-Christ, Bossuet, Var. II, § 24. Madame demande le crucifix sur lequel elle avait vu expirer la reine, sa belle-mère, comme pour recueillir les impressions de constance que cette âme vraiment chrétienne y avait laissées avec les derniers soupirs, Bossuet, Duch. d'Orl. M. de Condom [Bossuet] lui parlait toujours ; et elle lui répondait avec le même jugement que si elle n'eût pas été malade, tenant toujours le crucifix attaché sur sa bouche ; la mort seule le lui fit abandonner, La Fayette, Hist. d'Henr. d'Angleterre, Œuvres, t. III, p. 187, dans LACURNE. Je n'osais ! … mais le prêtre entendit mon silence, Et, de ses doigts [de la morte] prenant le crucifix : Voilà le souvenir et voilà l'espérance ; Emportez-les, mon fils, Lamartine, Nouv. méd. 22.

    Mettre une injure au pied du crucifix, la souffrix patiemment pour l'amour de Dieu.

    Fig. et familièrement. Un mangeur de crucifix, un faux dévot. Aller dans les églises manger les crucifix.

    Confrérie du crucifix, à Rome, société de bienfaisance.

    Populairement. Faire le demi-crucifix, c'est demander l'aumône, parce qu'on n'étend qu'un bras pour la recevoir.

HISTORIQUE

XIIe s. Entrée en est el mostier saint Geri ; En crois se met devant le crucefi ; Dieu reclama qui onques ne menti, Raoul de C. 46.

XIIIe s. Quiconques veut estre ymagiers à Paris, ce est à savoir tailleres de crucefix, Liv. des mét. 155. Se raison vient, point n'en creés ; S'el vous aportoit crucefix, Nel creés point ne que ge fiz [ne la croyez pas plus que je ne la crus], la Rose, 15967. Diex veut que vous l'alez vengier, Sans controver nul autre essoine, Ou vous lessiez le patrimoine Qui est du sanc au crucefi : Mal le tenez, je vous afi…, Rutebeuf, 96.

XIVe s. Et riches croces à evesques, à abez et à archevesques, Crucefiz et ymagerie D'argent et d'yvoire entaillie, Dict des marcheans, dans DE LABORDE, Émaux, p. 237.

XVIe s. Je n'estois pas grand mangeur de crucifix, et je sentois un peu le fagot, Sat. Mén. p. 72. Quel devotieux Ypocrite, Qui faisiez semblant de manger Les crucefix, et estre hermite ! l'Amant rendu cordelier, p. 532, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. crucific ; espagn. crucifixo ; ital. crocifisso ; du latin crucifixus, de crux, croix, et fixus, attaché (voy. FIXE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CRUCIFIX. Ajoutez :

Fig. À l'ombre d'un crucifix, dans l'état ecclésiastique. Attraper pensions et bénéfices pour vivre à l'ombre d'un crucifix, sans rien faire, Patin, Lett. t. II, p. 194.