Haler


hâler

(hâ-lé) v. a.
  • 1Rendre le teint brun et rougeâtre, en parlant du soleil et du grand air. Le soleil hâle le teint.
  • 2Faire éprouver aux plantes le hâle. Voilà un temps qui hâle tout.
  • 3Se hâler, v. réfl. Être noirci par le hâle. Il s'est beaucoup hâlé au bord de la mer.

    Fig. Un ouvrage se hâle au grand jour, Le P. du Cerceau, dans DESFONTAINES.

HISTORIQUE

XIIIe s. Au vent les ont hallés [il s'agi de corps morts qu'on fait sécher], Ch. d'Ant. V, 56. Ot ambdeus [toutes deux] cousues ses manches, Et por garder que ses mains blanches Ne halaissent. ot uns blans gans, la Rose, 565.

XIVe s. Regardez qu'il est fors, com les poins a quarrez, Il est fort et puissant et moult noir et hallez, Guesclin. 1622.

XVe s. Si ne furent [les dames] ne noires ne halées, Christine de Pisan, Dit de Poissy.

ÉTYMOLOGIE

Picard, herlé, hâlé ; wallon, aurler, dessécher. Chevallet a proposé le celtique : kimry, haul, soleil ; bas-breton, heol ; mais la voyelle a n'est pas dans les mots celtiques. Diez le tire du flamand hael, sec. Or un passage de Rutebeuf où hasle est adjectif et signifie desséché (Fors que pain noir, dur et hasle, Tout muisi et tout très sale, II, 173), donne raison à Diez. En effet il prouve que dans hâle est non pas le sens de soleil ou de vent, mais le sens de dessécher. Quant aux formes en s ou en r, elles s'expliquent par la tendance de l'ancienne langue à intercaler ces lettres parasites : arme pour âme, usler pour uller (aujourd'hui hurler, avec une r de ce genre). L'ancienne langue avait un adjectif halleus signifiant qui est de la nature du hâle : Se li airs est mult caus et mult ses [sec] et mult halleus, Alebrand, f° 22.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HÂLER. - ÉTYM. Ajoutez : Le normand dit harler, Delboulle, Gloss. de la vallée d'Yères, le Havre, 1876, p. 183. Cette épenthèse de l'r représente ici une s étymologique et se trouve dans quelques autres dialectes provinciaux.