Le pitre châtié


Le pitre châtié

Stéphane MALLARMÉ

Première parution : 1887

Yeux, lacs avec ma simple ivresse de renaître Autre que l’histrion qui du geste évoquais Comme plume la suie ignoble des quinquets, J’ai troué dans le mur de toile une fenêtre.

De ma jambe et des bras limpide nageur traître, À bonds multipliés, reniant le mauvais Hamlet ! c’est comme si dans l’onde j’innovais Mille sépulcres pour y vierge disparaître.

Hilare or de cymbale à des poings irrité, Tout à coup le soleil frappe la nudité Qui pure s’exhala dans ma fraîcheur de nacre,

Rance nuit de la peau quand sur moi vous passiez, Ne sachant pas, ingrat ! que c’était tout mon sacre, Ce fard noyé dans l’eau perfide des glaciers.

Commentaires

  • Henri Mondor indique que le Pitre châtié ait pu prendre "naissance dans un écho prolongé du Vieux Saltimbanque", poème en prose de Baudelaire? (Mallarmé, Oeuvres complètes, Gallimard,1945).

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