Renouveau


Renouveau

Stéphane MALLARMÉ

Première parution : 12 mai 1866

Le printemps maladif a chassé tristement L’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide, Et, dans mon être à qui le sang morne préside L’impuissance s’étire en un long bâillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeau Et triste, j’erre après un rêve vague et beau, Par les champs où la sève immense se pavane

Puis je tombe énervé de parfums d’arbres, las, Et creusant de ma face une fosse à mon rêve, Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève... ― Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveil De tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.

Fleurs par Odilon Redon, 1903

Premier état du poème

VERE NOVO...

Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide : Dans mon être où, dès l'aube, un sang plombé préside L'impuissance s'étire en un long baillement.

Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau ; Et, morne, j'erre après un Rêve vague et beau Par les champs où la sève immense se pavane.

Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las, Et creusant de ma face une fosse à mon Rêve, Mordant la terre chaude où poussent les lilas,

J'attends, en m'abîmant, que le Néant se lève.... ― Cependant que l'azur rit dans la haie en éveil Où des oiseaux en fleur gazouillent du soleil !

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Mallarmé - Renouveau (dit par Michael Lonsdale) par Robin5on