''Rien, au réveil, que vous n'ayez''


Rien, au réveil, que vous n'ayez

Stéphane MALLARMÉ

Rien, au réveil, que vous n'ayez Envisagé de quelque moue Pire si le rire secoue Votre aile sur les oreillers.

Indifféremment sommeillez Sans crainte qu'une haleine avoue Rien, au réveil, que vous n'ayez Envisagé de quelque moue.

Tous les rêves émerveillés, Quand cette beauté les déjoue, Ne produisent fleur sur la joue Dans l'oeil diamants impayés Rien au réveil que vous n'ayez.

Notes

Publié dans la revue La Coupe en juin 1896.

Premier état du poème

RONDEL

Rien ici-bas que vous n'ayez Envisagé de quelque moue Ou du blanc rire qui secoue Votre aile sur les oreillers.

Princesse au berceau, sommeillez ! Sans voir parmi tout ce qu'on loue Rien ici-bas que vous n'ayez Envisagé de quelque moue.

Nos vains souhaits émerveillés De la beauté qui les déjoue Ne connaissent, fleur sur la joue, Dans l'œil diamants impayés Rien ici-bas que vous n'ayez !

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