Une Négresse
Une Négresse
Stéphane MALLARMÉ
Paru dans le Nouveau Parnasse satyrique du XIXème siècle en 1866.
Une négresse par le démon secouée Veut goûter une enfant triste de fruits nouveaux Et criminels aussi sous leur robe trouée, Cette goinfre s'apprête à de rusés travaux :
À son ventre compare heureuse deux tétines Et, si haut que la main ne le saura saisir, Elle darde le choc obscur de ses bottines Ainsi que quelque langue inhabile au plaisir.
Contre la nudité peureuse de gazellle Qui tremble, sur le dos tel un fol éléphant Renversée elle attend et admire avec zèle, En riant de ses dents naïves à l'enfant ;
Et, dans ses jambes où la victime se couche, Levant une peau noire ouverte sous le crin, Avance le palais de cette étrange bouche Pâle et rose comme un coquillage marin.
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