A M.L.S.


A M.L.S.

Edgar Allan POE

Traduction de Mallarmé

De tous ceux qui saluent ta présence comme le matin - de tous ceux pour qui ton absence est la nuit - le total effacement du sacré soleil dans le haut ciel, - de tous ceux qui, pleurant, te bénissent journellement à cause de l'espoir - de la vie - ah ! surtout de la résurrection de la foi au fond d'eux ensevelie - cela en vérité - en vertu - en humanité, - de tous ceux qui, sur le lit inconsacré du Désespoir gisant pour mourir, se sont soudainement levés à tes paroles murmurées doucement " Que la lumière soit ! " - à tes paroles murmurées doucement qui eurent pour accomplissement le séraphique élan de tes yeux, - de tous ceux qui te doivent le plus - dont la gratitude de plus près ressemble au culte - oh ! rappelle-toi le plus vrai - le plus fervemment dévoué, et pense que ces faibles lignes sont écrites par lui - par lui qui, comme il les trace, tressaille de penser que son esprit est en communion avec celui d'un ange.

Poème original

TO M. L. S--

OF all who hail thy presence as the morning --
Of all to whom thine absence is the night --
The blotting utterly from out high heaven
The sacred sun -- of all who, weeping, bless thee
Hourly for hope -- for life -- ah, above all,
For the resurrection of deep-buried faith
In truth, in virtue, in humanity --
Of all who, on despair's unhallowed bed
Lying down to die, have suddenly arisen
At thy soft-murmured words, "Let there be light!"
At the soft-murmured words that were fulfilled
In the seraphic glancing of thine eyes --
Of all who owe thee most, whose gratitude
Nearest resembles worship, -- oh, remember
The truest, the most fervently devoted,
And think that these weak lines are written by him --
By him, who, as he pens them, thrills to think
His spirit is communing with an angel's.

SCOLIE

Stéphane MALLARMÉ

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